Je m’extirpe de l’agitation des trottinettes électriques de la rue de Bagnolet et me réfugie au calme des macchabées arborés du Père Lachaise. C’est aux côtés de Pierre Desproges et de son couvre-chef poulpe que je vais vous présenter le numéro 4 de la fabulleuse revue Fabulla.
Littérature d’anticipation au « carrefour des voies scientifiques et imaginaires », Fabulla réinvente, suppose, témoigne, s’amuse de ce que pourrait être une Corse hypothétique et utopique. Dans ce quatrième épisode, sa créatrice Claire Cecchini imagine une Corse frappée de progéria mentale : le vieillissement prématuré de toute une population trouvant une « régénérescence sénîle » dans la pratique du jardin-potager !
Dans le dédale tombal du cimetière je croise Georges Moustaki qui me donne le La pour continuer la visite : Extrapolation d’un terreau social réel, Fabulla 4 et ses contributeurs s’en amuse pour notre plus grand plaisir. Nous découvrons l’incroyable épopée de l’origine des nains de jardin, le développement du concept de peau électronique, des cartes de visites collector d’E.H.P.A.D. Nous faisons une pause intemporelle en suivant une botaniste et son guide dans un sentier où « la nature, sauvage ou cultivée est l’œuvre du temps et de la terre. » Nous apprenons comment les vieux de Bastia ont gagné la Révolution des graines ou encore nous nous familiarisons avec la nouvelle application « Green’d’Heures », premier site de rencontres végétales.
Vous l’aurez compris Fabula 4 est une oasis de littérature graphique qui stimule notre imaginaire et aiguise notre curiosité. En ces temps de fatras climato-technologique, rien de tel que de se plonger dans ce bain moussant de jouvence et de se rafraichir la verdure !
Les Piplettres ont palpité pour cet ouvrage, Edith Piaf aussi !
Fabulla N°4, Claire Cecchini, édition Materia Scitta, 2005, 13,50eur.

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